Jean-Baptiste Colbert
Homme d'Etat et bibliophile, Colbert commença sa carrière au service du
cardinal Jules Mazarin, alors ministre du jeune Louis XIV. Grâce à une
exceptionnelle puissance de travail et à une honnêteté rare, il sut
rapidement se rendre indispensable et c'est presque naturellement qu'il
succéda à Mazarin comme premier ministre de Louis XIV. De 1661 à sa mort,
Colbert gouverna le royaume de France dans tous les domaines, à
l'exception des affaires étrangères et de l'armée. S'il fut avant tout un
administrateur de génie chargé de concevoir et de mettre en oeuvre une
politique à la mesure des ambitions du souverain, il appartenait à un
siècle où la culture relevait tout à la fois de la sensibilité personnelle
de chacun et du prestige social ou politique. En ce siècle qui vit la
construction du château de Versailles, Colbert fut des années durant
responsable de la politique culturelle française ; dans le cadre de ses
fonctions, il créa l'Académie des inscriptions et belles-lettres et fut à
l'origine de l'Ecole de Rome. Comme nombre de ses riches contemporains,
Colbert se constitua une bibliothèque qui ne fut pas seulement
l'indispensable complément de son activité professionnelle, mais devint
rapidement un élément de prestige. Grâce aux efforts financiers importants
consentis par Colbert, à la situation sociale du ministre et à la
direction intelligente de son bibliothécaire Etienne Baluze, la Colbertina
devint rapidement célèbre dans toute l'Europe savante pour le grand nombre
de livres qui s'y trouvaient (on dénombrait environ 20000 volumes à la
mort de Colbert) et la rareté de certaines éditions. Colbert possédait en
outre un grand nombre de manuscrits précieux, ainsi qu'un collection
importante de monnaies et de médailles. La vente de la bibliothèque en
1728 eut pour conséquence de disperser les collections patiemment
constituées par Jean-Baptiste Colbert : si les manuscrits furent presque
tous achetés par la Bibliothèque du Roi, les imprimés furent dispersés
dans toute l'Europe à la suite d'une vente aux enchères. Un certain nombre
d'ouvrages furent acquis par un Milanais célèbre, le comte Carlo
Pertusati, et se retrouvent aujourd'hui à la Braidense.
(Jean-Eudes Girot - Université de Valenciennes)
H.XII.85